Liste des témoignages. Cliquez sur celui que vous désirez lire pour vous y rendre. Certains sont écrits, d’autres audios ou vidéos. D’autres témoignages seront rajouté au cours du temps.
Témoignage de Pascal, enseignant
Cessons la grande mascarade !
Je suis professeur des écoles depuis 12 ans. J’enseigne en Bretagne dans une classe de CE1-CE2 et voici le récit de mon indignation et de ma colère.
Depuis le début de la crise sanitaire, les professeurs des écoles et les professeurs du second degré ont fait les efforts et les sacrifices demandés afin de limiter la propagation du COVID-19 : adaptation soudaine et inédite pendant la période de confinement, mise en place de nouvelles configurations pour le retour progressif des élèves à l’école dans le cadre de la phase de déconfinement, nouvelles adaptations en juin 2020 avec la présence en simultané et obligatoire de l’ensemble des élèves de primaire, adaptations renouvelées et repensées à la rentrée 2020, port du masque des élèves d’élémentaire en classe et en extérieur dès le mois de novembre 2020, nouvelle semaine d’école à la maison en avril 2020 et déplacement des vacances scolaires de printemps, fermetures de classes au cas par cas, nouvelle rentrée sous tension, enchaînement des protocoles, multiplications des procédures de vérifications sanitaires par test antigénique ou autotest…
La plupart de ces efforts paraissaient justifiés durant le premier semestre 2020 étant donné l’aspect inquiétant de la situation sanitaire. Puis, l’incertitude de son évolution et le spectre d’une nouvelle flambée dès le mois d’octobre 2020 nous ont conduit à faire porter le masque aux élèves en classe et dans la cour de récréation. Il s’avère que la mise en place de cette mesure a constitué un tournant important dans notre quotidien. D’ailleurs, à cette époque, nous étions loin de penser que cela allait s’inscrire dans la durée.
Dès le début de la « grande mascarade » à l’école, nous avons été des milliers d’enseignants et de parents à déplorer les conséquences de l’obligation du port du masque chez les enfants, tout d’abord pour des raisons de santé (difficultés à respirer, masques souillés, fatigue, apparitions de maux de tête en fin de journée), pour des raisons pédagogiques (difficultés en langage oral, en apprentissage de la lecture et pour l’apprentissage des langues, baisse de la compréhension orale, diminution de l’attention des élèves et de la participation en classe) et enfin pour des raisons psychologiques (distanciation physique mais aussi émotionnelle, déperdition qualitative en termes de relations humaines).
Quoi qu’on en dise, il n’y rien d’anodin à enseigner avec un masque sur le visage et face à des enfants masqués. Cela engendre de nombreuses contrariétés et une fatigue considérable sur le long terme.
Tout d’abord, il est fatigant de faire répéter à longueur de temps les élèves parce qu’on ne les entend pas ou qu’ils articulent mal. Il est fatigant en tant qu’enseignant de passer ses journées à bafouiller dans des masques inconfortables et dans lesquels on finit par avoir l’impression d’étouffer.
Se rajoute à cela une fatigue qui se révèle psychologique car nous souffrons de ne plus voir le visage de nos élèves, de ne plus voir leurs expressions ou leurs sourires. Moi-même, j’essaye tant bien que mal d’interpréter leurs regards. Malheureusement, je ne parviens plus à comprendre aussi bien qu’avant les timides, les anxieux ou les rêveurs. Et cela me frustre énormément dans mon rôle de pédagogue.
De même, ces enfants, âgés seulement d’à peine 6 ans pour certains, prennent l’habitude de passer leurs journées avec des adultes sans visage qui ne peuvent plus leur sourire ni les rassurer pleinement quand il le faut. Ils construisent leurs relations avec des enfants masqués et c’est comme cela qu’ils finissent par se représenter leurs amis : un masque avec des yeux et une voix étouffée…
En outre, depuis deux ans de restrictions et de mesures sanitaires, ces enfants construisent leurs repères dans une école qui n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Tout d’abord, de nombreux projets et sorties pédagogiques n’ont pas pu voir le jour depuis bien longtemps. L’école est censée s’ouvrir au monde, mais elle ne peut plus le faire qu’entre les quatre murs de la classe.
Nous avons dû renoncer aux moments festifs, qu’il s’agisse des représentations d’élèves devant les familles (danses, chants, théâtre, etc), des spectacles de Noël, du carnaval ou des kermesses de fin d’année dont nous sommes très nombreux à garder des souvenirs impérissables.
Il n’y a malheureusement plus d’échanges ni de rencontres entre les élèves des différentes classes en raison d’un brassage interdit. Comme il nous paraît loin le temps des projets inter-classes et des rencontres sportives !
Chacun doit rester ainsi confiné dans son groupe-classe, sur son bout de cour de récréation, dans sa zone de « promenade ». C’est un triste spectacle auquel nous assistons tous les jours depuis maintenant bien trop longtemps.
Oui, l’école s’est transformée en une prison sanitaire où les élèves des différentes classes ne peuvent même plus se croiser, où les enfants ne peuvent plus jouer avec leurs amis qui sont dans d’autres classes, que ce soit sur la cour ou à la garderie, où les parents ne peuvent plus accompagner leurs jeunes enfants à l’intérieur de l’école maternelle… Et gare aux enfants qui auraient le malheur de porter leur masque sous leur nez ! En effet, certains professeurs et surveillants ne se gênent pas pour les punir. Honte à eux !
Comme si cela ne suffisait pas de les culpabiliser en leur expliquant qu’ils sont les vecteurs du covid. Et qu’importe s’ils angoissent de plus en plus d’être malades et qu’ils vivent avec la peur de contaminer leurs parents ou leurs grands-parents ! Qu’importe qu’ils soient de plus en plus sujets à la dépression et qu’ils développent des troubles de l’anxiété !
Tout cela me rend malade.
Pourtant, je n’ai pas toujours vu les choses de cette manière-là et aujourd’hui je me dis que j’ai peut-être été naïf ou aveugle. Toujours est-il que j’ai appliqué les protocoles durant toute l’année 2020-2021 sans trop me poser de questions.
Cela n’a pas été facile, loin de là, mais à cette époque j’espérais encore une sortie de crise. Je me disais que tous ces efforts allaient finir par payer, que la stratégie vaccinale allait nous permettre de lever toutes ces mesures étouffantes.
Et à la fin du mois de septembre, après une rentrée calamiteuse, j’ai cru que ça y était : les élèves ont enfin pu se débarrasser du masque en classe !
C’est avec un énorme soulagement que j’ai découvert les visages de mes élèves. Rapidement, j’ai vu des regards qui pétillaient, des sourires, des expressions que je croyais avoir oubliées et j’ai pu à nouveau communiquer pleinement avec eux. Je parle ici d’une communication dans toute sa dimension, en y mettant tout ce que le port du masque nous a enlevé, en n’oubliant pas qu’il est encore difficile pour les enfants de cet âge de s’exprimer dans le contexte de la classe.
Les enfants l’ont alors vécu comme une délivrance et j’ai moi-même vécu cette levée du port du masque comme la récompense de nos efforts et de notre patience. C’était la fin d’un calvaire de presque un an.
J’ai redécouvert à quel point les relations humaines et les sentiments sont importants dans notre métier car toute cette période sombre m’avait peu à peu plongé dans l’oubli de cette donnée pourtant si essentielle. J’ai repris du plaisir à enseigner, à passer du temps avec ces enfants pendant des journées de 6 heures ou plus, à échanger avec eux, à partager des rires et des émotions…
Malheureusement, cette libération n’a été que de courte durée, car il leur a fallu reporter le masque dès le 15 novembre, après en avoir profité seulement quelques semaines. Ceci dit, je n’oublie pas que dans d’autres départements, les élèves n’ont eu aucun répit !
Quoi qu’il en soit, cet évènement a eu le mérite de me faire ouvrir les yeux, car lorsque M. Macron a annoncé que tous les écoliers allaient devoir reporter le masque, je me suis senti envahi par une profonde tristesse et une vive colère.
Je suis en effet désespéré par cette situation dont on ne voit pas la fin et par ce que l’on fait subir depuis trop longtemps à nos enfants. Je suis désespéré et en colère que rien d’autre ne soit proposé, que l’on ait aucune perspective sur le long ou le moyen terme et que l’on continue bêtement à appliquer ces mesures iniques qui n’ont pas fait leurs preuves. Je suis en colère de voir que certains membres du gouvernement ne prennent même pas les précautions nécessaires alors que l’on demande une exemplarité sans faille aux enseignants et aux enfants. Je suis révolté que rien ne soit fait pour limiter les dégâts par rapport à nos conditions de travail. Dans le département où j’exerce, il y a de moins en moins de remplaçants, les RASED de moins en moins présents et les classes sont toujours aussi chargées.
En somme, nous travaillions déjà dans d’un contexte très dégradé avant la crise sanitaire et les contraintes auxquelles nous sommes quotidiennement soumis ne font que s’accroître depuis.
J’ai surtout réalisé la somme des sacrifices qu’on avait déjà exigé des élèves depuis le début de la crise sanitaire et a fortiori depuis l’imposition du masque à l’école. Et cela n’est plus acceptable !
Depuis le retour du masque en classe, je vois des enfants développer des toc ou d’autres troubles du comportement (agitation et mouvements incontrôlés, problèmes d’attention divers, masques mastiqués…). J’observe, impuissant, les élèves qui sont porteurs de handicap, ceux qui subissent des troubles du comportement ou des apprentissages et dont l’état se détériore au fil des mois.
Je constate la passivité qui a regagné les élèves, leurs voix qui baissent, leurs regards qui s’éteignent. Et je vois la tristesse dans les yeux de plus en plus de mes élèves car les enfants souffrent terriblement de ce climat anxiogène et mortifère qui règne sur le pays.
De plus, les restrictions d’ordre sanitaire et la pression n’ont fait que se renforcer depuis le mois de novembre, notamment avec le retour du masque en récréation et en sport. Je suis malade de voir ces enfants qui étouffent en classe et qui étouffent sur la cour, qui n’en peuvent de subir ce maudit masque encore et toujours.
Est-ce que les adultes essayent de se mettre à la place de ces gamins qui doivent passer des journées de plus de 6 heures avec un masque sur la figure, jusqu’à 10 ou 11 heures pour ceux qui doivent rester à la garderie ?
Pensent-ils à ces enfants qui n’ont pas d’autre moment dans la journée que celui du déjeuner pour enlever leur masque, des enfants qui doivent faire du sport avec un masque sur le visage ? Toutes ces choses qu’on ne demande pas aux adultes, du moins avec un tel degré d’exigence !
Savent-ils que des élèves en viennent de demander l’autorisation d’aller aux toilettes uniquement pour pouvoir respirer un peu, « même si ça ne sent pas très bon « ?
Je suis encore plus écœuré depuis qu’on inflige régulièrement et bêtement des tests douloureux à des jeunes enfants pour qu’ils puissent aller en classe, quand bien même ils n’ont aucun symptôme. Comment avons-nous pu accepter cela ? Les parents ne se rendent-ils pas compte qu’ils en deviennent maltraitants ?
Les adultes misent aveuglément sur la capacité d’adaptation des enfants, mais à quel prix ?
Est-ce que nos dirigeants réalisent bien les conséquences que cela peut avoir chez les enfants âgés de 6 à 10 ans de voir continuellement son professeur, ses camarades, ses amis, ainsi masqués, jour après jour, mois après mois ? Et bientôt année après année ? Ne voient-ils donc pas qu’à force cela imprègne sa vision du monde et des personnes qui le peuplent, que cela altère sa sensibilité ainsi que sa compréhension d’une partie du langage non verbal ? Ne croient-ils donc pas que cela affecte son moral et sa motivation pour aller à l’école ?
Pourtant, ce ne sont pas les témoignages et les expertises qui manquent : parents, professeurs, pédiatres, psychologues, orthophonistes… Tous les personnels de l’enfance, de l’éducation ou de la santé n’ont de cesse d’alerter sur les effets dramatiques du port du masque chez les enfants.
Le constat est tout de même désarmant : nous sommes en train de revivre le même scénario que l’année dernière, avec les mêmes rebondissements à chaque période de l’année.
Pourtant, nous attendions tant du vaccin. On nous avait promis une sortie de crise grâce à lui. D’ailleurs, la campagne de vaccination a eu lieu avec succès. La plupart des Français ont fait les efforts demandés pour aller dans ce sens, car c’était la seule solution qu’on nous a laissé entrevoir.
Le vaccin est-il efficace, oui ou non ? Nous savons effectivement qu’il n’empêche pas la contagion. Cependant, n’est-il pas censé protéger au moins des formes graves ?
Alors quoi ? Allons-nous vivre masqué ad vitam aeternam et sacrifier toute une génération, nos enfants, vos enfants, pour essayer de sauver quelques centaines de personnes dont la plupart très âgées ?
Combien de temps encore allons-nous répéter aux enfants qu’ils devoir faire des efforts ? Personnellement, je n’en suis plus capable.
Il me semble que d’une prudence apparemment légitime en 2020, nous sommes passés à un excès de prudence qui se révèle mortifère. Et je ne parle même pas des collégiens et des lycéens auxquels on n’a jamais cessé de faire porter le masque, que ce soit en classe ou à l’extérieur, alors qu’ils se font massivement fait vacciner au nom d’un odieux chantage. N’est-il pas honteux que les adolescents qui ne soient pas vaccinés contre le covid subissent une telle discrimination, d’autant plus pour certaines activités proposées à l’école ?
En oublie-t-on que ces enfants et ces adolescents seront les adultes de demain et qu’ils risquent fort de nous en faire le reproche un jour ou l’autre ?
L’article 3 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant stipule : « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. »
Quelqu’un pourrait-il m’expliquer quel est le bénéfice pour ces enfants à porter le masque toute la journée, alors qu’en ce qui les concerne le risque sanitaire est extrêmement faible ?
Que fait-on des multiples études scientifiques concernant le port du masque prolongé et quotidien chez les enfants et dont les conclusions laissent craindre des conséquences néfastes sur leur santé ?
Existe-il d’ailleurs un suivi sérieux de notre gouvernement en termes de santé publique par rapport à tout cela ?
En tout cas, quand je vois mes élèves éternuer ou renifler dans leur masque, quand je les vois passer plusieurs heures dans leur masque souillé à respirer leurs différents germes et microbes, je ne peux être que sceptique concernant les prétendus intérêts sanitaires de ce masque.
Cela est d’autant plus ridicule que nous nous retrouvons face à des variants de moins en moins dangereux, pour ne pas dire inoffensifs en ce qui concerne les enfants. Nous avons vu ces dernières semaines le virus se propager dans nos classes à travers tous les élèves qui ont été testés positifs au covid, malgré le port du masque par ailleurs. Or, pour la grande majorité d’entre eux, il ne s‘agissait que d’un rhume ou d’une grippette d’un jour ou deux. Pas de quoi en faire une affaire d’état. Enfin… Dans un monde normal.
On pourrait en rire si ce n’était pas si dramatique : on préfère sacrifier le bonheur et la santé mentale de nos enfants sur l’autel de l’incohérence et de l’injustice. Nous en venons même à les exposer à un soi-disant vaccin sur lequel nous n’avons aucun recul et qui peut être potentiellement dangereux alors qu’ils n’en retirent de toute évidence aucun bénéfice. Tout cela pourquoi ? Pour protéger des adultes qui sont normalement déjà protégés par ce même vaccin dont le gouvernement ne cesse de nous vanter les mérites ?
Or, ce n’est pas aux enfants de protéger les adultes !
Si ces adultes craignent tant de tomber malades qu’on les laisse porter tous les masques FFP2 qu’ils voudront mais qu’on laisse les autres personnes tranquilles.
Jusqu’à présent j’ai fait en sorte d’appliquer les multiples protocoles qui se sont enchaînés de manière ubuesque. J’ai essayé de tenir bon et d’assurer mes missions dans le souci de l’intérêt de mes élèves et d’une vraie continuité pédagogique, mais cela devient insupportable. Mon exaspération, ma colère et ma souffrance ne font que croître jour après jour.
Je ne supporte plus de continuer à garder bonne figure pour ne pas perturber encore plus mes élèves alors que je n’ai qu’une seule envie : c’est de leur dire de se libérer de ce masque.
Je ne supporte plus d’être complice de cette mascarade et de participer à ce que je n’hésite plus à qualifier de maltraitance institutionnalisée.
De la même façon, je ne comprends pas ces enseignants qui ne trouvent rien à redire à ces ordres et contre-ordres délirants et au triste sort qu’on inflige aux enfants. Ne voient-ils donc pas que tout cela n’a plus lieu d’être ?
Le fait est que le ministère de l’Education nationale, sous la houlette de M. Blanquer, a opéré il y a quelques temps déjà une vaste entreprise d’infantilisation, de manipulation et d’intimidation vis-à-vis du corps enseignant. Les professeurs sont désormais soumis au devoir de réserve de manière drastique et la peur d’éventuelles représailles s’est installée dans la plupart des esprits. Il devient ainsi presque dangereux d’émettre la moindre contestation assumée comme il devient de moins en moins courant de faire preuve d’esprit critique.
La peur du virus s’est également propagée dans nos rangs de manière irraisonnée et cette funeste conjonction a malheureusement conduit un certain nombre d’entre nous à faire preuve de zèle dans la stricte application des mesures sanitaires à l’école.
Cependant, n’est-ce pas à nous enseignants qu’il appartient en premier lieu de faire preuve de discernement ? N’est-il pas de notre rôle de garantir la sécurité affective de nos élèves ? Quand je lis les publications de certains syndicats, je ne comprends plus : il semble que nos valeurs se sont complétement inversées. On ne parle plus que de « la santé et de la sécurité du personnel », quitte à bâillonner les enfants et à les angoisser en permanence.
Je suis personnellement interloqué quand je vois pendant les récréations des collègues dire à nos jeunes élèves de rester bien à distance, malgré le fait qu’ils portent le masque et qu’ils soient à l’extérieur. Que nous est-il donc arrivé ?
L’empathie n’est-elle plus une qualité indispensable pour travailler avec des enfants ?
Heureusement, il y a de plus en plus de professeurs et de parents qui osent enfin exprimer leur désaccord. Certains commencent à se rendre compte que tout cela ne sert à rien, que ces mesures sont complétement disproportionnées par rapport au faible danger que représente désormais le covid. On commence même à se demander si tout ce que le gouvernement nous demande de faire subir aux enfants ne relève pas d’une forme de maltraitance.
J’entends dire de plus en plus qu’il est temps maintenant qu’on laisse les enfants tranquilles.
Effectivement, je crois qu’il est vraiment temps que tout cela s’arrête.
Il est désormais urgent de s’unir et dire tous ensemble, d’une seule voix :
Stop ! Laissez nos enfants en paix !
Rendez-leur leur insouciance, leur joie de vivre et leur enfance !
Rendez-nous notre liberté !
Laissez-nous vivre normalement !
Témoignage d’Oriane, animatrice
Culpabilité d’un professionnel de
l’enseignement face à un enfant résistant
Je suis animatrice en périscolaire depuis octobre 2020. C’est la première fois que je gère une classe de 17 enfants du CE2 au CM2, totalement tétanisée les premières minutes en les voyant tous assis devant moi, ne sachant pas à quelle sauce j’allais être mangée. Ma première classe à l’année avec les enfants que j’ai appris petit-à-petit à connaître et inversement. Une classe que je n’oublierai jamais étant donné que j’ai évolué dans l’enseignement grâce à eux, qu’ils m’ont supportée pendant une année, et que le contexte était très particulier. J’ai gardé tous leurs porte-prénoms personnalisés en
souvenir.
J’ai donc fait mes deux premiers ateliers masquée, alors que je ne le mets pas dans la rue (obligatoire à cette époque). Mais à ce moment-là, ma priorité est de réussir à animer un atelier et de surmonter ma peur, d’intéresser et de se faire respecter par 17 bambins. En me présentant je me permets de baisser le masque en précisant avant que je ne vais pas parler juste pour qu’ils puissent voir mon visage. La peur que j’avais étant qu’ils disent à leurs parents que je leur ai parlé sans masque ce qui pouvait être pris comme leur diffuser un virus extrêmement mortel pour eux et toute leur famille (0,1 % de morts…).
Quelle comédie déjà à l’époque et aujourd’hui plus d’un an après quelle absurdité … Ils ne méritaient pas d’avoir en face d’eux des adultes aussi soumis … Mais la pression à ce moment est telle que je n’ai même pas le droit d’avoir un masque en tissu, il faut des masques chirurgicaux bleus. Bon, faisons semblant le temps d’1h30 et nous verrons par la suite …
Le troisième atelier a lieu après les vacances de La Toussaint. Malheureusement, durant ces deux semaines de repos pour les écoliers, l’obligation à la rentrée du port du masque tombe comme une sentence sur ces petits qui n’ont rien demandé à personne, à qui on enlève la joie de vivre et leur insouciance en les traitant comme des dangers potentiels. Voilà le commencement de leur calvaire « sanitaire » à l’école …
Révoltée, je ne leur demanderai jamais de s’étouffer avec cette muselière. J’établis un plan en me persuadant que les enfants l’auront déjà sur le visage et le baisseront petit-à-petit pour l’avoir sous le menton remarquant que je ne les reprendrais pas. Cela pourra passer pour un manque d’autorité, ce qui était bien le cas dans mes débuts. Mon objectif
est qu’ils puissent respirer durant la fin de cette longue journée d’école. De plus, je me renseigne en lisant des documents de Réaction19 afin d’y trouver des arguments juridiques de défense si on me le reproche (je ne suis pas la police ? je ne suis pas médecin ?). Mais je ne vois rien concernant le personnel enseignant (sauf erreur de ma part), seulement pour aider les parents à rédiger un courrier au directeur d’école, ce qui est déjà très bien.
Ainsi, premier jour de rentrée pour eux, je les retrouve après une longue journée d’école à leur goûter à la cantine à 16h30. J’observe les autres animateurs pour savoir s’ils sont aussi offusqués que moi, mais non, on se croirait à l’armée, les règles sont bien dictées : il faut remettre le masque après avoir mangé, ne pas trop parler pour ne pas postillonner sur ses camarades. Et voilà la spirale infernale qui commence … les enfants que j’avais connus démasqués doivent mettre leur masque pour monter avec moi en classe après ce bref moment de liberté bien ordonné. C’est pas grave une fois en haut ils
le baisseront au fur et à mesure de l’atelier.
En montant les escaliers, un des enfants qui n’a pas du tout son masque sur lui monte en dernier avec moi pour me demander discrètement de ne pas avoir à le mettre. Oh non je n’avais absolument pas pensé à cette situation ! Mais je ne peux pas lui dire ne le mets pas ! S’il explique ensuite aux animateurs qui le croiseront que je l’ai autorisé ou à ses
parents dont je ne sais pas de quel côté ils sont, je pourrais avoir des problèmes ! N’ayant aucune confiance dans mon autorité et l’ayant vu dans les premières séances dissipé, je me dis que c’est sûrement juste pour me tester à nouveau et je lui demande honteusement de le mettre. Il ne veut pas et me dit que son masque est trempé pleins de bactéries … Mon Dieu ! Que faire ? mon cœur fond… Comment a-t-il pu me sortir ses arguments ? Les mêmes que j’ai pu lire par les experts qui dénoncent les dangers du port du masque. Je lui dis à nouveau à contre-cœur que je suis obligée de lui demander de le
mettre. Il insiste. Je hausse le ton (quelle horreur, j’ai honte). Il me répète que son masque est sale, qu’il l’a gardé toute la journée. Mais ses arguments viennent de lui ?! ou s’est-il renseigné sur internet avant ? ou se sont ses parents qui lui en ont parlé ? Je ne sais plus quoi lui dire, je veux juste qu’il le mette sur les quelques mètres qui nous amènent à la salle de classe, une fois entré il le baissera et je ferai semblant de ne rien voir … Les enfants attendent devant la salle, je les autorise à rentrer et le garçon devant ses camarades me redemande de ne pas le mettre. Je ne sais plus quoi faire je ne peux pas devant tout le monde accepter, on risque de me dénoncer, j’ai juste envie qu’il comprenne que je suis entièrement d’accord avec lui, je veux juste qu’il fasse semblant en rentrant … J’ai envie de lui dire, mets le sur tes oreilles et baisse le sous le menton je ne dirai rien. Il insiste et là je me dis que ses parents sont peut-être également contre cette obligation, je vais peut-être trouver une solution ….
« Est-ce que tes parents seront là à la sortie pour que je puisse discuter avec eux ? (j’emploie un ton complice afin qu’il comprenne que je cherche à le protéger)
« Non, je rentre seul. », mince comment l’aider ?
« Parce que je peux peut-être leur donner des informations (je pense à ce moment aux courriers de Réaction 19) pour que tu n’aies pas à mettre le masque »
« Je veux mettre le masque mais il est tout mouillé » Ohlala je ne sais plus ce qu’il pense vraiment, était-ce de la résistance générale contre cette règle maltraitante ou juste qu’il était effectivement dégoûté à ce moment-là après l’avoir porté une journée entière et je ne peux pas lui montrer ce que je pense, je me méfie beaucoup trop des parents qui pourraient faire un signalement.
A cet instant, une animatrice de l’école passe avec sa classe je lui demande quoi faire vu qu’il ne veut pas mettre le masque. Elle lève les yeux au ciel et le force à le mettre. Il obtempère. Je me sens triste et sale, il rentre dans la salle. Et puis finalement étant sur le point de rentrer avec ce tissu humide, elle se rend compte qu’il n’est plus dans mon
groupe et qu’il doit changer d’activité. Il ressort donc …
Un sentiment terrible à la fois de soulagement de ne plus avoir à traiter ce problème qui m’envahit et une honte qui me poursuit encore aujourd’hui car à ce moment-là j’ai endossé le rôle d’une tortionnaire. Je n’ai pas pu me rattraper en lui prouvant que ce n’était absolument pas le cas vu que mon plan était de ne plus rien dire une fois qu’aucun animateur allait pouvoir voir les visages certainement dénudés au cour de la séance.
J’ai tellement eu envie de le recroiser et de lui dire ô combien j‘avais honte de l’avoir forcé et d’avoir même fait intervenir un autre adulte. Moi l’adulte lâche qui n’ait pas su le protéger. Tellement eu envie de me justifier devant lui, qu’il me pardonne, que ce n’était absolument pas mon souhait. J’ai espéré que les autres enfants allaient lui dire plus tard que non, elle ne nous oblige pas, on est plusieurs à ne pas le mettre ou à l’avoir baissé. Aussi, peut-être avec espoir, je me suis posée la question sur pour lesquelles il est venu me voir : pour mon manque d’autorité ou parce qu’il a senti que je paraissais ne pas adhérer à toutes ces mesures nuisibles ?
Durant l’année, je l’ai croisé seulement deux fois. Il était en rang avec les autres enfants pour sortir de l’école, mais je ne pouvais pas l’aborder. Il avait son masque couvrant son visage, l’animateur ne devant leur laisser aucun répit. Voilà la vision qu’il va avoir pour la suite : tous les adultes sont des lâches, trouillards, incapables de défier l’autorité, de nous protéger … et il aura toutes les raisons de nous mépriser …
Ce môme m’a bouleversée, je me suis toujours demandé ce qu’il pensait de toutes ces règles délétères imposées aux enfants … Il avait apparemment des difficultés scolaires et suivait des cours de rattrapage organisées par l’école. Il était bon dessinateur, un peu rêveur. Peut-être faisait-il parti de ceux qui ne sont pas fait pour le formatage et en raison d’une plus grande intuition ont vu sans nul besoin qu’on leur explique, que la dictature était en place au sein même des écoles ….
En y repensant peu après je me suis dis que j’aurais dû jouer la naïve en lui disant que je comprenais, que la première journée avait été longue, qu’il n’était pas encore habitué et qu’il pouvait ne pas le mettre (prenant toujours en compte l’hypothèse que mes propos pouvaient être répétés aux parents). Mais les autres enfants auraient entendu, auraient
voulu également l’enlever et l’auraient peut-être répété … ?
Dans les jours qui ont suivi j’ai essayé de racheter ma lâcheté en cherchant une manif. Ne nous démoralisons pas, il y a toujours une bonne raison, un mal pour un bien. Il aura donc était un élément déclencheur dans mon militantisme en allant dans ma première manifestation déclarée anti-confinement, anti-masque (dès six ans) début novembre 2020. Elle aura marqué le début d’une multitude de rencontres merveilleuses, de manifestations et d’actions pour défier les couvre-feux, les confinements et toutes les mesures liberticides. Nous étions moins de 15, plusieurs n’ayant parfois jamais manifesté de leur vie. On a expliqué les raisons de notre venue et je n’ai pas pu m’empêcher de parler de ce petit qui m’avait scotchée dans ses arguments et devant qui j’ai eu terriblement honte de l’avoir forcée à mettre la muselière. Je me suis bien empressée de brandir une des affiches « Non aux masques dès six ans ! », comme pour espérer qu’un jour il tombe sur un de ses photos.
La culpabilité que je ressens est toujours aussi forte et j’aimerais pouvoir un jour dire à ce garçon (Ab…) qu’il peut être fier de lui d’avoir autant tenu tête, malgré la pression et ce dès le premier jour. Mais aussi m’expliquer pour qu’il sache mes attentions cachées et qu’il me pardonne car je fais désormais partie des adultes qui l’auront maltraités pendant cette crise …
Livre de Criss GAIL
Précision par rapport à Amazon : il est difficile de trouver un éditeur acceptant de publier un livre dénonçant de tels comportements. Il a donc fallu faire une exception.